Femmes de la préhistoire

Femmes de la Préhistoire
Musée de Préhistoire Solutré 
Du 8 avril 2023 au 3 mars 2024

Qui étaient les femmes de la Préhistoire ? Oubliées des sciences au masculin aux 19e et 20e siècles, de nouvelles découvertes interrogent les préjugés du passé sous le regard croisé des sciences humaines et de l’archéologie.
Ne cherchez pas Madame Cro-Magnon en train de balayer la grotte, elle est à la chasse. Et désormais l’homme préhistorique est aussi une femme !

bracelet préhistorique
Bracelet en ivoire de mammouth – Epigravettien – Mezin, Ukraine – Exposition « Femmes de la Préhistoire » – Musée de Solutré

L’exposition Femmes de la Préhistoire présente un état des connaissances sur la place et le rôle des femmes dans les sociétés de la Préhistoire. Elle interroge les données de la paléontologie, la biologie, l’anthropologie physique et sociale et l’univers symbolique et artistique des communautés de chasseurs-cueilleurs du Paléolithique. La vision des femmes préhistoriques depuis le milieu du 19e siècle doit davantage aux préjugés et aux projections de préhistoriens masculins issus d’une société patriarcale qu’à l’examen des témoins archéologiques. Entre -40 000 ans et -10 000 ans, la féminité, la fécondité et les représentations féminines ont tenu une place majeure dans l’univers symbolique et les traditions artistiques de l’Eurasie préhistorique.

Femmes fossiles et évolutions physiques

Chez les hominidés plus anciens (paranthropusaustralopithecusHomo erectus…) le dimorphisme sexuel était beaucoup plus important que dans notre espèce. Ainsi, il est plus facile de déterminer le sexe d’un hominidé ancien que d’un humain actuel ! C’est surtout le côté plus gracile de la femme et la forme de son bassin qui donnent des indications. Néanmoins, si on peut lui prélever de l’ADN, là cela change tout… La paléogénétique est une manière d’approfondir l’étude d’un squelette.

crane homo sapiens femelle avec coquillages
Crâne Cavillon – Musée de l’Homme, Paris

Une femme peut chasser

Jusqu’au milieu du 20ème siècle, la présence d’objets accompagnant les sépultures préhistoriques influençaient trop rapidement les interprétations des chercheurs : si un squelette gisait avec une arme ou des bois de cerf interprétés comme trophées, on en concluait qu’il s’agissait d’un homme, viril, chasseur ou chef à l’autorité respectée. 
C’est ainsi que des fossiles humains découverts au siècle dernier ont « changé de sexe » avec les avancées scientifiques. L’exemple le plus frappant est le squelette découvert avec une coiffe faite de 200 coquillages qui laissait penser que c’était un homme important pour le clan, surnommé l’homme de Menton… Mais la scientifique Marie-Antoinette de Lumley a réexaminé le squelette : son bassin et ses ossements graciles montrent que c’est en fait une femme… et fut donc rebaptisé la Dame du Cavillon !

statuettes prehistoriques en ivoire de mammouths
Statuettes en ivoire de mammouth – Culture Malta-Bouret vers 28 300 / 18 200 cal BOP – Bouret (Siberie) – Femme de la Préhistoire – Musée de Solutré

À défaut de meilleures informations sur le rôle et le statut des femmes, il est tentant d’aller consulter les données rassemblées par les explorateurs, ethnographes et anthropologues au contact des groupes, au-delà des frontières européennes.
Il est de plus en plus admis que les rôles entre femmes et hommes à la préhistoire ne devaient pas être aussi compartimentés que ce que pensaient les premiers (hommes !) préhistoriens. Le mythe de l’homme parti à la chasse au mammouth pendant que la femme l’attend, apeurée et craintive, a fait son temps.

L’étude des « sites de chasse » montre qu’il s’agissait le plus souvent de site de charognage. La chasse au gros gibier n’est apparue qu’au Paléolithique supérieur : la majorité des apports alimentaires était issue de la cueillette et des collectes diverses. Les baies, les fruits, les tubercules, les insectes, les larves, les petits gibiers étaient probablement plus souvent au menu que le mammouth. Ces activités pouvaient aussi bien être réalisées par des femmes que par des hommes.

On pourrait également penser que certaines activités étaient faites avec l’ensemble des hommes et des femmes, comme devaient le faire les Néandertaliens pour attraper du très gros gibier : dans ce cas, toutes les forces du clan devaient être mobilisées, femmes, hommes et enfants compris.
Il est possible également que les activités étaient distribuées naturellement selon les aptitudes de chacun, un homme n’étant pas génétiquement programmé pour tailler un silex et une femme pour déterrer un tubercule.  Selon le moment et les aptitudes naturelles de chaque individu, l’entretien du feu ou la cueillette de baies pouvait être réalisés par un membre du clan, puis par un autre, sans répartition sexuelle…

figures feminines prehistoriques stylisées
Figure féminine stylisée (gauche) Element de collier en formes de seins (centre) Figure féminine stylisée (droite) Gravettien vers 31 000 / 29 000 ans Doni Vestonice , Moravie  
Exposition « Femmes de la Préhistoire » – Musée de Solutré

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